La typographie : l’élément clef pour une mise en page réussie !

typographie

La typographie est un élément auquel le lecteur porte peu d’attention. En effet, si elle est choisie de façon judicieuse, elle facilite la lecture au point de passer inaperçue. Une bonne typographie, du moins pour un corps de texte, est une typographie qui ne se remarque pas !

Et pourtant ! Il n’est pas simple d’en choisir une qui convienne parfaitement au sujet dont on parle. Le choix d’une police d’écriture est souvent cornélien, et peut avoir un effet désastreux sur le lecteur si elle est mal utilisée…

Un bref historique

caractères mobiles

Le mot « typographie » vient des termes grecs « tupos » (caractère) et graphein (écrire).

La typographie est intimement liée à l’essor de l’imprimerie. En effet, dans un premier temps, elle désigne l’art d’assembler les caractères mobiles entre eux afin de créer des phrases à imprimer. Par ailleurs, le mot « typographe » désigne à l’époque à la fois le créateur de caractères et l’imprimeur, puisqu’il s’agit généralement de la même personne.

L’histoire de la typographie est ancienne : elle remonte au XIᵉ siècle en Chine avec la création de caractères mobiles en terre cuite, puis en métal en Corée au XIIIᵉ siècle. Au XVᵉ siècle, Gutenberg améliore le procédé, en créant des caractères mobiles dans un alliage de plomb (80%), d’Antimoine (5%) et d’étain (15%). Le résultat donne des éléments qui durent dans le temps, et qui peuvent être facilement remplacés s’ils sont abîmés.

La typographie connait son essor au XIXᵉ siècle avec le développement de la presse écrite (journaux), et de la lecture (généralisation de l’instruction publique). Fin du XXe siècle, l’arrivée de l’impression Offset rend caduque les caractères d’imprimerie. Cependant, la typographie trouve une seconde jeunesse grâce au numérique et à l’apparition, aux alentours de 2010, du Letterpress et du dessin de caractère. On s’intéresse particulièrement aux polices d’écriture vintage et aux effets de débossage (relief). Dans sa deuxième acception, la typographie étant l’art de dessiner et d’utiliser les caractères.

Quelle différence entre police d’écriture et font ?

C’est une question que l’on vient à rapidement à se poser, étant donné que l’on utilise (à tort) les deux terminologies sans distinction. L’amalgame vient du fait qu’en anglais, les termes « Font » et « typeface » désignent la même chose, à savoir la police de caractères.

Cependant, il existe bien, en français, une différence entre les deux :
_ on nomme « Police d’écriture » un ensemble d’éléments. Elle comporte tous les glyphes (lettres, chiffres, accents, signes de ponctuation, etc), de tous corps (taille), de toutes graisses (régulier, gras, light, heavy…) et de tous styles (italique, ombré, souligné, barré, etc).
_ on nomme « Font » un style au sein d’une police d’écriture. Par exemple : « Helvétique Light 35 » est une font appartenant à la police d’écriture Helvetica.

Les familles de polices de caractères

famille de polices d'écritures

Il existe deux grands ensembles de polices de caractères :
_ Les polices avec empâtement
_ les polices droites

Au sein de ces deux catégories, les polices se regroupent en familles.

La première d’entre elles est la famille des Humanes : elle comprend les tous premiers caractères gravés latins (fin XVe) et, s’inspire des écritures des manuscrits humanistes italiens. Leur sont associées les notions de tradition, de sagesse et le savoir, tout en offrant un côté rustique.

La deuxième famille se nomme Garalde : contraction des noms de Garamont (graveur français) et de Alde Manuce (éditeur italien), cette famille s’inspire des créations typographiques du XVIe siècle. Leur sont associées les notions de noblesse, d’élégance, de tradition, de raffinement. Cette famille montre une nette appartenance aux univers littéraire, artistique et intellectuel.

La troisième famille est celle des Réales. Dessinées à la règle et au compas, les typographies de cette famille sont très précises et très lisibles, elles conviennent de ce fait parfaitement à des textes longs type livre, magazine, journaux, etc. Parmi ces typographies on trouve la Baskerville, la Caslon ou la Perpetua. Elles expriment la littérature, l’administration, la connaissance, l’austérité, le sérieux, la fiabilité et la confiance.

Les Didones doivent leur nom aux imprimeurs et éditeurs français de la famille Didot, ainsi qu’à l’imprimeur italien Giambattista Bodoni. Cette famille reprend les caractères de la fin du XVIIIe siècle et du XIXe siècle. Les typographies de cet ensemble ont un fort contraste entre les pleins et les déliés, ainsi que des empattements filiformes.

Viennent ensuite les Mécanes qui apparaissent sous la Révolution industrielle. Elles sont souvent utilisées dans les publicités et logos des premières grandes entreprises. Elles véhiculent une image à la fois populaire et industrielle. Cependant, dans les années 1960-1970, elles sont récupérées et utilisées pour les pochettes de disques de Jazz, ce qui leur confère une dimension artistique et intellectuelle surtout dans l’univers musical.

La famille comportant le plus de membres depuis l’avènement de l’informatique est celle des Linéales. Elle se subdivise en 5 catégories et donnent une impression d’objectivité, de neutralité et de simplicité. Elles conviennent pour les messages publicitaires, les légendes de photos, les articles de presse, les exposées scientifiques ou techniques entre autre.

Les Incises se composent de caractères imitant l’écriture lapidaire. Elles inspirent la rigueur, l’harmonie, le sérieux, l’univers féminin, l’élégance et le monde de la cosmétique.

Les Scriptes se composent de caractères réalisés d’après des calligraphies et chaque caractère est lié au suivant. Elles ont un côté dynamique, et se rapprochent de l’écriture manuscrite naturelle.

Les Manuaires sont, elles aussi, inspirées d’écritures manuscrites, mais datant d’avant l’invention de la typographie. Les caractères ne sont pas liés entre eux. Peu polyvalentes et très connotées, elles rappellent le Moyen-Âge, l’Héroïque Fantasy ou les traditions celtes.

Enfin, dernière famille : Les Fractures. Elle regroupe les caractères dits « Gothiques ». Leur lecture étant difficile, leur utilisation s’en trouve restreinte. Cette famille convient pour tous les travaux portant sur le Moyen-Âge, la religion, la culture germanique, l’éducation anglo-saxonne, les certificats et autres diplômes, de part leur côté solennel.

Quelques règles de base

ponctuation

L’image ci-contre résume une des règles les plus importantes de la typographie : la gestion des espaces en rapport avec la ponctuation.

Par ailleurs, d’autres règles sont à respecter, notamment concernant les abréviations :

_ « Monsieur » se diminue de cette manière-là en France : M.
La version avec « Mr » c’est pour Mister.

_ concernant les abréviations d’énumération, « deuxième » s’écrit de cette façon « 2e » et « second » comme ceci « 2° »

_ Les abréviations s’écrivant avec un point à la fin sont celles présentant uniquement le début du mot, telles « admin. » pour administration ou « fem. » pour féminin par exemple.

Pour connaitre toutes ces subtilités, je vous renvoie au livre de référence en la matière : « Lexique des règles typographiques en usage à l’imprimerie nationale ».

 

 

Mise en page et association de polices d’écriture

Une autre règle existe dans le domaine de la typographie, mais qui touche à la mise en page, afin que celle-ci soit bien lisible et aérée, c’est de ne pas utiliser plus de trois polices d’écriture différentes.

Si vous souhaitez utiliser une police d’écriture particulière, assez typée, pour animer un texte, il est préférable qu’elle ne serve qu’au titre de votre document. Utilisée en corps de texte, elle risque de rendre la lecture pénible. Préférez une police d’écriture sobre, assez simple d’apparence, car plus facile à lire.

Par ailleurs, pour dynamiser un texte, plusieurs choix sont possibles :
_ jouer sur la taille de l’écriture
_ jouer sur la graisse (gras, régulier, léger – bold, regular, light)
_ jouer avec les styles (italique, souligné)

Si vous optez pour le choix d’une police différente pour le titre, veillez à ce qu’elle s’accorde bien avec la typographie de corps de texte. Pour qu’un texte soit agréable au premier regard, il faut qu’il s’en dégage une certaine harmonie.

Je vous ai mis quelques exemples ici :

association de typo

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Moi
J. LANGE | Graphiste et illustratrice